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Le vélo est LA solution

Le vélo est LA solution à une bonne partie de nos problèmes quotidiens en Tunisie.

Par Nawel Ayadi*

 

Beaucoup vont ricaner en me lisant. Mais le vélo peut à lui tout seul résoudre un nombre insoupçonnable de nos soucis quotidiens, dans une logique de court terme, et apporter des solutions durables, dans une logique de long terme.

Pour y arriver, il faudrait mettre en place une stratégie NATIONALE qui se déclinerait en priorité sur le Grand Tunis, la capitale souffrant de maux (pollution, stress routier, perte de temps, engorgement du trafic) rendant la vie urbaine de ses citoyens indigeste.
Cette stratégie nationale s’articulerait autour de trois axes: la mobilité, l’éducation et l’écologie.

 

La mobilité des citoyens à Tunis est un parcours du combattant. La dépendance à la voiture est incroyable pour un si petit pays et une si petite capitale ! La dépendance à la voiture est le lot des pays à surface étendue comme les USA, le Canada, l’Australie…

La voiture est paradoxalement reine en Tunisie pour plusieurs raisons, la plus saillante est bien sûr ce cocktail de défaillance, d’insuffisance et d’illogique des transports en commun.
La seconde est bien évidemment l’attachement de notre société au matériel et aux apparences, la voiture représentant un symbole de réussite sociale…
La troisième raison est cette forme de paresse des citoyens peu portés sur le sport et le mouvement. La sédentarisation y est pour beaucoup, la culture du sport est majoritairement cantonnée au rôle de spectateur devant l’écran de la TV ou du smartphone, et la pratique du sport est souvent un luxe pour une bonne partie de la population. Nous sommes des citoyens amoureux du sport mais de manière totalement passive.

 

Comment le vélo peut-il résoudre le problème de mobilité des tunisiens?
Tout simplement grâce à sa fluidité de circulation. A vélo, la notion du temps est totalement maîtrisable. En voiture, le temps nous échappe, même avec la technologie de la géolocalisation, les conducteurs demeurent dépendants des embouteillages monstres, des accidents imprévus, des convois des hautes personnalités, des pannes des feux rouges etc. A vélo, le cycliste est maître de son environnement. Il ne subit qu’un seul facteur : les conditions climatiques. La durée du trajet d’un point A à un point B est totalement gérable par le cycliste. Cette durée ne dépendra que de ses propres désirs, de s’arrêter boire un café, de faire quelques courses, de se reposer et profiter du soleil, mais en aucun cas d’un feu rouge ou d’un embouteillage. Car avec le vélo, ces notions deviennent obsolètes tant il peut se faufiler partout et dans les interstices de la circulation. Ce grand potentiel de mobilité offert par le vélo ne peut être transformé sur le terrain que si l’infrastructure existante est revisitée sans être forcément repensée.

Deux éléments suffisent pour y arriver. Il s’agit d’abord de concevoir et dessiner des pistes cyclables de manière intelligente et logique. En espérant que le liquide blanc qui servira à les tracer ne sera de la même qualité que celui des passages piétons effacés au bout de deux semaines… Il s’agit ensuite d’installer des stations de parking pour vélos dans des endroits stratégiques de la ville.

 

Faire du vélo (pour des raisons aussi bien utilitaires qu’hédoniques) devrait être une activité-réflexe comme c’est le cas pour la conduite de la voiture après avoir obtenu le permis. C’est là où l’éducation joue un rôle considérable. Le Ministère de l’Education Nationale pourrait ainsi intégrer l’apprentissage du vélo dans les cours d’éducation sportive des enfants dès leur plus jeune âge. Afin de ne pas créer des effets discriminatoires, le Ministère pourrait s’associer aux nombreuses associations de la société civile qui promeuvent la pratique du vélo, afin d’assurer ces cours en donnant accès à leurs vélos. Les enfants dont les parents n’ont pas les moyens d’acheter des vélos pourraient ainsi avoir accès à l’apprentissage à la pratique du vélo dans l’école publique. Ces associations, grâce à leur expérience-terrain, dispenseraient ainsi les cours de pratique du vélo selon des règles de sécurité indispensables (port du casque, les feux, les signes etc.) permettant d’avoir de futurs cyclistes responsables et disciplinés sur la route. Quant aux personnes adultes n’ayant jamais fait de vélo, l’Etat là aussi peut collaborer avec des bailleurs de fond internationaux ou des organismes de la société civile afin de financer des programmes favorisant la pratique du vélo et destinés à ses fonctionnaires, à travers la mise en place d’un système incitatif de bonus. Chaque citoyen achetant un vélo pourrait bénéficier d’une réduction d’impôt. Chaque fonctionnaire pourrait bénéficier également d’une indemnité-vélo (vélo + casque) s’il/elle décide d’aller au travail à vélo. Sachant que le vélo est autorisé dans les trains, même ceux habitant en banlieue pourraient en bénéficier. Pour ceux qui habitent très loin et qui ont malgré tout besoin de leur voiture, un vélo pliable leur sera dans ce cas fourni avec obligation de garer leur voiture dans un parking en dehors du centre-ville, et effectuer le reste du trajet à vélo. Ce système permettrait de désengorger le centre-ville et les grandes artères de Tunis et surtout diminuerait de manière significative les énormes retards au travail.

 

Tunis suffoque de plus en plus, sous les gaz d’échappement des milliers de voitures qui battent son pavé quotidiennement, et plus de vélos lui permettraient de respirer. Investir dans la pratique du vélo pour l’Etat tunisien serait un acte écologique fondateur. Aucun gaz. Très peu de nuisance sonore (à part quelques klaxons de temps en temps). Très peu d’espace urbain occupé. Le vélo est incontestablement le plus écologique des moyens de transport.

Le vélo doit devenir très vite une culture pour les tunisiens… pour le bien-être de tous.

 


*Nawel Ayadi est une militante pro-vélo et Professeur – Chercheuse en Marketing à l’Institut Supérieur de Gestion de Tunis.
Article à retrouver aussi sur Linkedin.

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